Premier de deux concerts au Centre Bell: The Cure continue de marquer les esprits
Par Philippe Rezzonico | Publié le 17 juin 2023 à 03:10 | Modifié le 17 juin 2023 à 10:34
Lorsque The Cure a fait son entrée sur scène au Centre Bell vendredi dernier pour le premier de ses deux concerts, Robert Smith, le leader du groupe, a pris son temps pour observer la foule. Il a d’abord scruté les gradins, puis le parterre, tout en traversant la scène avec des pas presque feutrés, avant de faire de même de l’autre côté. C’était comme s’il buvait les applaudissements nourris et les cris des spectateurs, et s’assurait que tout le monde était prêt. En quelque sorte, il semblait dire par son regard: “Êtes-vous là ? Nous y sommes.”
Pendant les deux heures et quarante-cinq minutes qui ont suivi, The Cure a été fidèle à lui-même. Certains diront que c’était comme d’habitude, mais à un niveau de qualité auquel on ne pouvait peut-être plus s’attendre après plus de 40 ans de carrière. Depuis quelques décennies, un concert du groupe originaire de Crawley, au Royaume-Uni, est un voyage immersif à travers l’un des répertoires musicaux les plus originaux qui existent.
Un voyage musical unique
Il est assez extraordinaire qu’un groupe issu de l’ère post-punk et ascendant new wave ait réussi à loger autant de succès dans les palmarès sans pour autant se détourner de sa base fidèle qui adore les chansons aux structures ambiantes vaguement glauques et au penchant gothique. C’est peut-être pour cela que le public du Centre Bell était si diversifié en termes d’âge et de génération.
Le concert a été une combinaison parfaite de succès, de nouveautés et même de raretés. Parmi les moments forts, une magnifique version de “Pictures of You” et une rassembleuse “Lovesong” ont ouvert et fermé un segment comprenant le nouveau et excellent titre “A Fragile Thing”, ainsi que “A Night Like This”. Il y a eu un bel équilibre entre les chansons connues et les découvertes.
Mais ce qui m’a vraiment renversé, c’est la rareté absolue de “Three Imaginary Boys” avec sa déchirante complainte: “Can you help me?” Pensez-y… Nous avons eu droit à Montréal, en 2023, à la chanson-titre du premier album du groupe, datant de 1979. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais osé l’espérer…
Une performance exceptionnelle
Le premier rappel a conclu avec une version déchaînée de “A Forest” où Smith et le bassiste Simon Gallup se sont surpassés. Derrière le groupe, on pouvait voir une forêt aux couleurs de la pochette du disque dont la chanson est tirée.
Le reste du concert, d’une durée de 90 minutes, a été d’un calibre exceptionnel, tout comme la voix de Smith, âgé de 64 ans. La performance de Gallup à la basse, de Reeves Gabriel à la guitare (ancien collaborateur de David Bowie), des claviers de Roger O’Donnell et de la batterie de Jason Cooper était à la fois nette et puissante.
Un marathon musical
Comme à leur habitude, The Cure a offert 15 chansons avant les rappels, suivies de 14 autres lors des deux rappels. C’était un véritable marathon de près de trois heures et de grande qualité. Les trois dernières chansons du premier rappel, “At Night”, “Plainsong” et “Disintegration”, ont entraîné la foule dans un tourbillon de sons et de souvenirs.
Les albums “Disintegration” (1989) et “The Head in the Door” (1985) ont été les plus représentés lors du concert, avec cinq et six chansons respectivement.
Des succès intemporels
Le deuxième rappel, qui a duré 40 minutes et proposé neuf chansons, a mis à l’honneur les succès intemporels et universels du groupe. La beauté musicale de “Lullaby” était indéniable, et Smith s’est amusé comme un enfant lors de l’interprétation de “Six Different Ways”. Les plus de 17 000 spectateurs ont sauté de joie dès les premières notes de “Friday I’m In Love”, qui était encore plus approprié en ce vendredi soir. Et la finale irrésistible avec “Just Like Heaven” a maintenu l’intensité jusqu’à la toute fin.
Après avoir laissé ses collègues quitter la scène, Smith est resté sur scène, sourire aux lèvres et main sur la poitrine, pour remercier ses fidèles admirateurs – désormais de plusieurs générations. C’était un geste pour rappeler que le temps et les tendances passent, mais que The Cure reste.
Conclusion
Le concert de The Cure au Centre Bell a été un événement remarquable, témoignant de la longévité et de l’impact durables du groupe. Au cours de près de trois heures de musique, Robert Smith et ses collègues ont offert une performance exceptionnelle, avec un mélange parfait de succès, de nouveautés et de raretés. La diversité du public présent et l’enthousiasme général ont souligné l’importance continue de The Cure dans la musique populaire.
Alors que le groupe continue de marquer les esprits, il est clair que leur influence transcende les générations et que leur répertoire musical unique continue d’inspirer les fans du monde entier. Pour ceux qui ont assisté à ce concert inoubliable, ils pourront dire avec certitude que The Cure est non seulement resté fidèle à son style musical distinctif, mais qu’il a également prouvé qu’il est toujours aussi passionné et puissant sur scène.
Le deuxième concert prévu pour samedi soir promet certainement quelques variations de chansons, mais le sentiment général est que The Cure offrira à nouveau une expérience musicale inoubliable, propulsant le public dans une autre dimension grâce à leur talent et à leur énergie intemporelle.
Peu importe l’évolution des tendances musicales, The Cure est là pour rester et nous rappeler que la musique peut transcender le temps et toucher nos cœurs d’une manière qui dépasse tout concept temporel.
<< photo by Julia Volk >>
The image is for illustrative purposes only and does not depict the actual situation.